Notre rapport à la mort
A la joie de vivre, nous opposons la peur de la mort.
A la survie, nous opposons vivre pleinement.
A la vie, nous opposons la mort.
Nous avons oublié de par nos conditionnements que la polarité complémentaire à la mort est celle de la naissance.
La vie, quant à elle, constitue le pont qui fait se rejoindre ces deux polarités.
Après tout, la vie n’est-elle pas ponctuée de petites morts et renaissances qui s’opèrent au quotidien, que ce soit, par exemple, dans la nature au gré des cycles des saisons, ou en nous dès lors que nous évoluons ?
Alors, vous allez me demander : d’accord, mais qu’est-ce que cela change concrètement que nous associons naissance et mort plutôt que vie et mort ? C’est simple :
A la joie de vivre, nous opposons la peur de la mort.
Ne croyez-vous pas qu’aujourd’hui si nous associons la joie de vivre à l’insouciance, au manque de prudence, au manque de lucidité, c’est parce que quelque part, nous nourrissons la peur de la mort ? La vie et la mort fusionnent au quotidien, et la naissance et la mort ne sont que deux portes marquant le début d’un nouveau chapitre sur notre chemin.
Si nous sortons de l’opposition vie/mort, nous nous libérons des chaînes qui nous empêchent de vivre dans la légèreté, la joie, au gré des élans de notre cœur qui ne nourrit aucune inquiétude pour l’avenir.
Ainsi, en pleine conscience, la polarité complémentaire à la joie de vivre, réside dans l’extinction de notre flamme intérieure, qui est protégée par notre enfant intérieur et harmonisée par notre plexus solaire.
Connaître la joie de vivre nous demande donc de nous relier à notre flamme intérieure et de la nourrir correctement. Cela passe notamment par le fait de sortir de la peur de la mort.
A la survie, nous opposons vivre pleinement.
Être en « mode survie » indique que nous n’avons pas foi en la vie, en l’Univers.
Se mettre en survie implique que nous cherchons à reprendre le contrôle pour nous rassurer, dans un contexte où nous nous sentons en danger. Notre nature inférieure tout entière se met en alerte du fait des réflexes de notre cerveau reptilien pour nous amener à entreprendre les étapes nécessaires à notre survie.
En cas de danger imminent, cela est tout à fait justifié, et juste. Notre mental a ce rôle de protecteur de notre personne, et de gérant de notre instinct de survie.
Cependant, nos sociétés dans leur quête de confort toujours plus poussée, a élargi le champ au sein duquel notre instinct de survie est enclenché. Ce qui signifie que pour des situations basiques du quotidien, nous pouvons perdre facilement nos moyens. Dès que nous entrons dans notre « mode survie », nous nous refrénons de vivre pleinement, de peur du danger, de peur de l’inconnu, de peur de la mort, de peur de la sur-mort.
Sur-mort ? oui, sur-mort.
Tout comme la sur-vie est un état où nos sens sont crispés, en alerte, où nous nous soumettons à notre volonté illusoire de contrôler le principe actif de la Vie, la sur-mort est l’état de peur et d’anticipation démesurées d’une mort imaginée encore plus atroce qu’habituellement où nous nous persuadons pouvoir feinter le principe actif de la Mort.
Si nous n’opposions pas vie et mort, pensez-vous que nous cèderions aussi facilement notre pouvoir créateur à notre nature inférieure guidée par la peur ?
Ainsi, en pleine conscience, la polarité complémentaire à la survie, réside dans un savant équilibre entre lâcher prise et maîtrise :
- lâcher prise d’un contrôle fantasmagorique que nous pensons pouvoir obtenir,
- lâcher prise face à l’inconnu,
- lâcher prise pour s’en remettre pleinement à la sagesse du Grand Tout,
- maîtrise de notre nature inférieure et de ses réflexes,
- maîtrise de l’impact que la peur a sur nous,
- maîtrise de nos paradoxes intérieurs.
A la vie nous opposons la mort.
Il est indéniable que la vie et la mort sont intimement liées. Sans le principe actif de la Vie, celui de la Mort n’aurait pas sa place dans notre existence de matière.
La vie est un cadeau que nous fait l’Univers sous la forme d’un chemin d’évolution où nous sommes amenés à expérimenter une panoplie de sensations, de saveurs, et de savoirs. Dans l’idéal, la vie nous amène à rayonner notre plus belle lumière grâce aux expériences vécues et assimilées par notre âme.
Demandez-vous : est-ce possible de vivre ce processus d’évolution sans connaître la mort ? Ne pensez-vous pas que chaque nouveau chapitre dans nos vies marque la mort d’une ancienne version de soi, moins évoluée ?
Le processus d’évolution qu’est la vie est donc indissociable de la mort car c’est cette dernière qui nous manifeste la concrétisation de notre évolution en matérialisant des jalons sur notre parcours. Si la mort est partie intégrante de la vie, alors quelle est la polarité complémentaire de la mort ? La naissance.
En pleine conscience, la naissance jalonne le début du processus de vie au sein d’une incarnation tandis que la mort signifie la fin du processus de vie de cette même incarnation. En d’autres termes, la naissance est le début de la vie de l’être incarné, tandis que la mort marque la fin de la vie de l’être incarné.
Et comme tout couple de polarités, une polarité atteinte nous renvoie à sa complémentarité, ce qui signifie que lorsque la mort se présente à nous, elle nous propose une renaissance que celle-ci soit éthérée ou incarnée.
Ainsi, en pleine conscience, la polarité complémentaire à la vie, réside dans l’immobilisme. Puisque la vie est un processus d’évolution qui nous est proposé, si nous cessons d’évoluer, nous cessons de vivre. La mort marque une nouvelle étape dans notre évolution, elle poursuit donc ce que le principe actif de la Vie a commencé. L’immobilisme constitue le véritable refus de vivre, et engendre la désintégration de l’essence même de la vie.
Mais alors, concrètement, qu’est-ce que cela m’apporterait d’être en paix avec la mort ?
Être en paix avec la mort nous permet de :
- Traverser les phases de deuil sans nourrir le déni, la colère et la dépression et sans se retrouver bloqué dans un cycle des années durant.
- Apprendre à vivre pleinement sa vie après le départ d’un être cher.
- Mieux comprendre ce en quoi consistent les idées suicidaires et ainsi en réduire l’impact.
- Retrouver la joie de vivre à la suite d’un deuil.
- Sortir de la culpabilité du survivant.
- Aborder la fin de vie incarnée comme le commencement d’une nouvelle aventure.
- S’autoriser à ne pas attendre la mort dans l’immobilisme intérieur.
- Sortir de l’immobilisme engendré par le deuil
Comment ?
Nous pouvons apprendre à être en paix avec la mort en :
- Comprenant les différentes phases du deuil et en les accueillant sans lutter.
- Sortant de la peur de la mort et en comprenant ce que cette peur révèle.
- Comprenant l’impact sur soi et sur les défunts des projections que l’on nourrit autour de la mort.
- Conscientisant que nous vivons des cycles de mort-renaissance à longueur de temps.
- Sortant de la croyance que nos vies sont écourtées ou que l’œuvre de quelqu’un est inachevé(e).
- Comprenant l’impact des émotions exacerbées et comptes tenus sur soi et sur les défunts.
- Conscientisant notre place dans l’Univers.
